Cténophore signifie "porteur de peigne" de cteno=peigne et phore=porter. En effet, ces délicats organismes portent fondamentalement huit rangées de cils arrangées en peignes ou "ctènes" qui battent de manière périodique donnant une impression de vaguelette sur cette rangée. Mais outre ce gracieux mouvement de cils le plus émouvant est l'effet produit. Ces myriades de cils reflètent une couleur qui varie en fonction de l'angle du peigne. Cela donne donc l'impression que des bande de couleurs différentes parcourent l'animal. Aucun doute là dessus, nos amis les cténaires ont un sacré sens de l'esthétisme! Les cténophores pour la plupart portent aussi deux bras ou tentacules qu'ils peuvent rétracter dans des "gaines tentaculaires".
Mais ne vous fiez pas à leur envoutante beauté, les ctenophores sont des prédateurs et certains ressemblent même à une bouche géante garnie de deux grosses lèvres (C'est pas pour faire des bisous, mais j'aimerais bien!) comme les Beröe. Si les cnidaires ont leur cellule vedette le cnidoblaste, les cténaires ont aussi la leur: le colloblaste. Répartis sur les tentacules (si il y a des tentacules), les proies vont se retrouver collées à la sécrétion collante de la cellule puis la proie va être menée à la bouche. Comme les cnidaires ou les échinodermes, les cténophores n'ont pas à proprement parler d'avant et d'arrière mais un axe oro-aboral c'est à dire de la bouche (face orale) jusqu'au coté opposé à la bouche (face aborale). Les cténaire n'ont pas d'anus mais certains ont deux pores anales sur la face aborale.
La plupart des cténophores sont hermaphrodites. la reproduction est dans la plupart des cas sexuée mais il existe des cas de reproduction asexuée. Certains cténophores retiennent les œufs et les embryons jusqu'à ce qu'ils atteignent le stade larvaire appelé "Cydippide". Tous les cténophores passent par ce stade... ... ... ... ... ... Ouais, pas tous, vous deviez le sentir venir... Les Beroida jouent les rebelles. La larve Cydippide ressemble grosso modo à un cténophore miniature avec la plupart des structures déjà en place... Ça doit être trop meûgnon!
En parlant de la face aborale, les cténophores y portent l'organe apical (apical voulant dire "au bout", "à l'extrémité"). Cet organe porte un statocyste ou organe d'équilibration. Il y a une "boule" calcaire ou statolithe qui va se déplacer selon l'angle de l'animal. Quatre balanciers constitués de cils sont reliés à cette boule. Lorsque la boule se déplace, le balancier est excité ("Alerte! Alerte! on penche! redressez le vaisseau!"). Chaque balancier étant relié à deux rangées de peignes, quand le statolithe penche, les peignes répondent instantanément et notre magnifique OMNI se redresse.
Ces animaux en plus d'une morphologie étrange et particulière ont en plus une grande diversité morphologique:
-Les cténaires du genre Pleurobrachia de forme sphérique, on les considère parfois comme des cténophores types (allez savoir ce que ça signifie, mais disons que ça veut dire qu'ils représentent, sans ambigüité, les caractéristiques partagées des cténophores). Ils nagent gracieusement avec leurs rangées de peignes tout en trainant leurs deux longs tentacules, espérant attraper de la nourriture.
Un Pleurobrachia aux milles couleurs.
-Les cténaires du genre Beröe dont j'ai déjà parlé ont une forme de gros sac ovale et béant qui ingèrent goulûment leurs proies. cette fois ci les tentacules sont absents.
Un Beröe .
-Les cténaires de l'ordre Cestida en forme de (très beaucoup) gracieux ruban. Ces animaux à l'extrême délicatesse (plus délicat y'a pas, cherchez pas). Ces animaux sont en quelque sorte formés de deux grandes expansions. La bouche reste "en bas au milieu" (sur la face orale), ce qui est contre-intuitif (Je me suis longtemps demandé où était leur bouche). Ils peuvent dépasser le mètre.
Un Velamen.
-Les cténaires du genre Coeloplana. J'imagine à quel point les zoologistes ont du s'arracher les cheveux là dessus. En effet, ils ressemblent à s'y méprendre à des plathelminthes. Bon, pas de quoi fouetter un chat avec les tentacules, un peu d'anatomie et le mystère est levé. La forme reste cependant atypique! Mais certains zoologistes ont pensé que c'etait un stade intermédiaire entre les cténaires et les plathelminthes (c'est pas grave c'etait de vieux zoologistes, ils avaient le droit de parler de formes intermédiaires à cette époque)!
Deux coeloplana. Dur de penser à des cténophores non? Pourtant ces filaments que vous voyez ne sont rien d'autre que les tentacules!
Pour ceux qui ne seraient pas encore convaincus que les cténophores sont magnifiques (mais vous êtes fous!) voici une vidéo qui devrait vous convaincre: -->cliquez ici<--
Puis je n'arrive pas à résister à signaler que j'ai l'immense chance de faire mon stage de Master 2 sur la phylogénie des cténophores! Youhou! (Mon entrain pour d'une: la beauté des cténophores, de deux: mon stage explique probablement la longueur de cet article...
Les cténaires sont des:
-Métazoaires
-Eumétazoaires
-Cténaires
Une dernière image (il faut bien finir l'article avec une image) d'un cténaire de l'ordre des Lobata et du genre Ocyropsis.