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samedi 7 janvier 2012

Les plathelminthes : les néodermates.


Les plathelminthes qui comme je vous l'ai dit ont tous un épiderme cilié... Comment ça je l'ai pas dit clairement ? Ben si, maintenant c'est fait. Donc chez les neodermatesl'épiderme est cilié seulement chez la larve puis ensuite il va être remplacé par un nouvel épiderme, une nouvelle peau, un "néoderme" quoi. C'est ce qu'on appelle au sens propre "faire peau neuve". Ce "néoderme" est syncitial, c'est à dire, aux choix que c'est une cellule géante avec plusieurs noyaux ou que c'est plein de cellules sans membranes les séparant... Ici on opte pour la deuxième option. Plus précisément des cellules d'origine ectodermiques (l'épiderme), reposant sur la "lame basale" vont être éliminées et remplacées. La lame basale, est une couche de protéine notamment du collagène, qui permet le maintient des tissus. Des expansions de certaines cellules mésodermiques présentes sous la lame basale vont la traverser et bouter hors de là les cellules épidermiques ciliées. Le néoderme est une caractéristique morphologique tout à fait particulière, elle ne se retrouve que dans ce groupe. C'est ce qu'on appelle une "synapomorphie" ou un "caractère partagé propre". Les néodermates sont donc un bon groupe en biologie. Enfin... Tant qu'on parle de classification ! Parceque les néodermates sont de très bon et audacieux parasites ! Les autres caractéristiques de ce groupe sont assez techniques et je ne les détaillerai pas ici. 

Les plathelminthes : les neodermates
Illustration du néoderme

Un avertissement donc. Jusqu'ici j'en profitait toujours pour essayer de vous en mettre plein les mirettes en vous montrant de zolis animaux... Là la beauté se retrouvera bien ailleurs... Les néordermates sont un incontournable de la zoologie simplement parceque l'homme en est victime (si ça ne dépendait que de moi, ce seraient les cténophores les incontournables... Et les chaetognathes... Ha et puis les rotifères... En fait ils sont tous incontournables \o/). Excusez moi donc si cet article se rapproche plus que d'autres d'un cours "classique" de zoologie. Ce qu'il y a de formidable chez les parasites c'est leurs cycles de vie. Beaucoup dirons que les parasites sont des organismes simples. Morphologiquement souvent ils le sont au moins superficiellement mais leurs cycles de vies souvent "compensent" cette simplicité. 

Tout d'abord, retenez bien quel seul l'adulte peut se reproduire sexuellement. De plus on parle d'hôte définitif pour l'hôte qui accueille (malgré lui bien sûr) le parasite et chez lequel la reproduction sexuée a lieu. C'est un peu la maison de passe... Tous les autres hôtes sont des hôtes intermédiaires. C'est la maison où on passe.

Il y a trois groupes de néodermates, les monogènes n'étant probablement pas un groupe monophylétique.

Monogènes : 

Les monogènes sont des néodermates à un seul hôte, c'est à dire qu'ils ne vont enquiquiner qu'un seul organisme. Ce sont les "fidèles". La plupart sont parasites externes (ectoparasites) de vertébrés aquatiques ("poissons", tortues, amphibiens) mais aussi parfois d'autres animaux. Certains sont "mésoparasites" c'est à dire qu'ils vont se placer dans les cavités internes du corps de leur hôte. Attention, les parasites de l'intestin sont considérés comme des parasites externes (enfin d'après ce qu'on m'a appris, on peut trouver des définitions différentes) puisque le tube digestif débouche directement sur l'extérieur. C'est pour ça que quand vous pétez ça sent pas bon à l'extérieur (sauf, bien sûr, si vous êtes une fille). 

L'oncomiracidium est la larve des monogènesC'est une larve ciliée qui Elle va nager jusqu'à trouver un hôte. Là ce n'est pas un cycle bien compliqué. Les monogènes ont une vie relativement simple, c'est pour ça qu'ils sont fidèles : plus on a une vie complexe plus on fait de rencontres et plus on est infidèle (comment ça je fait de l'anthropomorphisme ?). La larve possède une ventouse orale qui permet de s'attacher, des expanssions digestives ou caecums intestinaux et un opisthaptor (ce n'est pas un dinosaure !) qui permet à la larve de s'attacher fidèlement à son hôte. Si vous avez bien suivi vous devez vous dire que la larve devrait perdre ses cils et acquérir son néoderme. Ben oui (ben quoi, que voulez vous que je vous dise de plus ?).

Les plathelminthes : les neodermates
A gauche, le cycle du vie d'un Monogène, au milieu, la morphologie de l'adulte et à droite, celle de la larve.

Trématodes : :

La première larve est la larve miracidium : c'est la première forme larvaire libre et nageuse. En général elle va se faire manger par un futur pauvre hôte. Elle va ensuite se reproduire plusieurs fois de manière asexuée. Hey oui, comme je l'ai dit, seuls les adultes ont le droit au sexe !

Ensuite vient la larve cercaire : le miracidium peut ensuite se reproduire de manière asexuée en produisant des formes libres c'est à dire qui ne sont pas parasites. Ce sont les cercaires. Ces cercaires vont chercher un hôte intermédiaire ou un hôte définitif.


Métacercaire : Le métacercaire est la forme enkystée du cercaire, c'est à dire que c'est un cercaire entouré dans une coque de protection (quand je parle de coque je ne parle pas du mollusque, c'est pour plus tard bande d'impatients). Une fois que la larve cercaire atteint un hôte, en général c'est là qu'elle va s'enkyster. La phase métacercaire peut être zappée si le cercaire trouve directement son hôte définitif. Une fois le métacercaire dans son hôte définitif le kyste va disparaître tout comme la ciliature qui va être remplacée... TADAAAAM ! Par le néoderme !

Chez certaines douves, il y a deux autres formes possible :

Sporocyste : Chaque miracidium peut donner un sporocyste, forme asexuée et active. Chacune de ses cellules germinales (c'est à dire reproductrices) va donner une autre forme larvaire :

La rédie : Elle va reproduire un peu ce que fait le sporocyste et chacune de ses propres cellules germinales va donner une larve cercaire. Cette double reproduction asexuée (d'ailleurs, c'est un peu confus ici de parler de cellules germinales puisqu'il n'y a pas de sexualité) permet de produire extrêmement rapidement un très grand nombre de larves cercaires susceptibles d'infester un grand nombre d'hôtes. Comprenez bien que pour un parasite, la phase d'infestation est une phase de haute voltige très risquée. Il faut donc mettre toute les chances de son côté.

Les plathelminthes : les neodermates
Illustration du cycle de vie d'une douve.

Les plathelminthes : les neodermates
Une photo d'une petite douve du foie.

Vous l'aurez compris, les trématodes sont des parasites à plusieurs hôtes. Ce qu'ils ont d'étonnant en plus de leur cycle de vie très complexe est leur capacité pour certains à influer sur le comportement de leurs hôtes. Certains exemples sont très connus et je ne m'attarderai pas là dessus ici (j'ai préféré m'attarder sur le cycle, c'est moins rigolo mais en général on y insiste moins). Je peux cependant vous renvoyer sur quelques exemples :

-Un article de l'excelent SSAFT qui parle d'un parasite transformant les antennes des escargots en vers juteux : Le supplice de Prométhée interprété par un escargot.

-Un article du nouveau blog "les chouettes savantes" évoquant la petite douve du fois : Les stratégies du pique-assiette.

-Un article de feu le blog "la fabuleux destin du pinguin" sur l'amour torride du schizostome, une des maladies parasitaires les plus graves et répandues au monde : L'Amour...

Et un article en anglais traitant de certains trématodes parasites de crustacés : April 8 - Maritrema novaezealandensis.

Bref, vous l'aurez compris, c'est un sujet largement traité et passionnant, vous m'excuserez donc de ne pas plus le traiter en détail :)

Cestodes : :

On y trouve le fameux ver solitaire, un des parasites les plus connus. Je vais vous en détailler le cycle :

L'œuf fécondé relargué avec les excréments de l'hôte définitif (puisque la fécondation est le produit de la relation sexuée et donc se fait chez l'hôte définitif) va donner une forme larvaire : l'oncosphere. Cette larve sera entourée d'une coque encore une fois : l'empbryophore (porteur d'embryon) qui porte six crochets. on l'appelle aussi "héxacanthe" (six épines). Cette coque permet à la larve qui est relargué dans le milieu exterieur de survivre quelques mois. Si jeune et déjà si autonome... Si un malheureux herbivore passe là, l'oncosphere va se développer en cysticercus : une larve bien emmitouflée dans un kyste dans les muscles. C'est là que si un carnivore mange la viande, il peut être infecté. C'est pour ça qu'il faut bien cuire la viande dont on n'est peu sûr de la qualité : pour tuer les pauvres cycticerques qui dormaient tranquillement, attendant une chaude maison. Ensuite c'est l'histoire bien connue du ver solitaire. Une fois ingéré, le cycticerque va déployer son "scolex", sa tête avec crochets, dans le petit intestin de son hôte. Il va mûrir et devenir un adulte. L'adulte est très particulier puisqu'il peut atteindre plus d'un mètre. En fait il est constitué de plusieurs anneaux, lesstrobiles, chacun possédant des organes sexuels mâle et femelle. Une vrai machine à bébés. Les derniers strobiles doivent s'extirper et ils le font avec "classe" par les voies naturelles... . N'oubliez pas que nous sommes toujours chez les vers plats ces vers sont donc... plats. Le Tænia vivant dans l'intestin et se nourrissant de ce qu'il y a, n'a pas lui même d'intestin ! Il absorbe donc directement les aliments digérés de ses hôtes. ce qui peut donc poser des problèmes de sous-nutrition. En soit donc le ver solitaire n'est pas un parasite si terrible parce que contrairement à beaucoup d'autres il vit en général seul et qu'il ne fait que piquer de la bouffe (il ne se loge pas dans les poumons ou ne racle pas les muqueuses intestinales comme d'autres). C'est probablement un des plus doux des parasites. Cependant comme je l'ai dit il mange à notre place... Il y a une légende urbaine (dont je ne connaît pas la véracité) qui raconte qu'il y a quelque temps, des gélules avec des Tænia étaient vendues comme pilules amincissantes. Ceci aurait posé des problèmes puisque cela entraînait la coexistence de plusieurs Taenia dans l'intestin et des problèmes graves de sous-nutrition. Un parasite, aussi doux soit-il, interagit avec le corps de l'hôte. Alors même si ça fait de la compagnie, ce n'est pas non plus bon pour la santé : préférez un chat ou des cloportes (ben quoi ?). Il fou quand même la pagaille dans l'intestin et entraîne diarrhées et problèmes intestinaux. Il arrive parfois aussi que l'homme soit l'hôte intermédiaire, dans ce cas, comme ce n'est pas la situation naturelle, les cycsticerques un peu pommées vont n'importe où et il leur arrive de se retrouver dans le cerveau. Ouaip, ça doit faire mal à la tête...

Les plathelminthes : les neodermates
L'incroyable ver solitaire.

Chez l'homme il y a le Tænia discret et le Tænia fou-fou :

Le Tænia saginata qui se trouve chez le bœuf lui n'y va pas par quatre chemin (un seul hein), ayant des strobiles musculeux, ils vont chercher tout seul le chemin vers l'extérieur... Imaginez la gêne occasionnée lors d'une réunion super importante lorsque quelqu'un décide de faire une sortie improvisée dans vos sous vêtements...

Le Tænia solium lui est un gros fainéant et sort avec les selles. On peut donc voir les strobiles dans les excréments lorsqu'on va aux toilettes contrairement au Taenia fougueux...

Un autre "ver solitaire", l'Echinococcus lui est extrêmement dangereux et provoque l'échinococcose même s'il n'est pas sensé vivre chez l'homme. Il s'introduit dans le foie et le détruit complètement entraînant la mort. Aucun remède actuel ne semble connu si ce n'est pour ralentir la progression. Le problème c'est que la croissance est très longue et peu prendre plusieurs années avant qu'on ne se rende compte de l'infection. Et à ce moment là il est trop tard pour retirer ce parasite par chirurgie. Où trouve t-on ce parasite me demanderez vous ? Sur les fruits sauvages. En fait c'est de là que viens cette histoire de ne pas manger de fruits sauvages à moins d'un mètre du sol. En effet, l'Echinococcose est transmise par l'urine de renard... Il faut donc bien laver les fruits sauvages avant de les manger !

Les plathelminthes : les neodermates
Le cycle de vie de l'Echinoccocus.

Voilà, j'en ai fini avec le charmant des plathelminthes. Avouez qu'entre la planaire nageant gracieusement et le ver solitaire il y a tout un monde...

Les neodermates sont des:
-Bilateriens
-Lophotrochozoaires
-Eutrochozoaires
-Spiraliens 
-parenchymiens (il n'y a pas de cavité corporelle (ou cœlome) mais les organes baignent dans un tissu lâche appelé le parenchyme) 
-neodermates